La mendicité est un phénomène de société. Elle prend en effet de plus en plus une place prépondérante dans la société africaine en général et celle sénégalaise en particulier. Dans les ruelles de la Capitale, le décor est le même ; tantôt des gosses avec des pots de tomate vide à la main, tantôt des jeunes dames avec leur nourrisson accolé à elles, tantôt des handicapés moteurs ou des aveugles guidés par leurs épouses ou leurs filles ou fils. Certains soutiennent que c’est de la négligence des parents, d’autres pointent du doigt le laisser-aller de l’Etat face à la ruée des étrangers sans destination qui logent dans les rues.
Aperçu des conséquences de la mendicité
Ce phénomène à des conséquences nocives pour la jeunesse et donc pour l’avenir du pays. Rencontré au couloir de la mort, cet étudiant du nom de Malick affirme :
« C’est entièrement la faute des parents. Parce que je ne peux pas concevoir qu’un enfant de 05 à 10 ans ou même plus au lieu d’aller étudier, soient pensionnaires des ruelles en vue de quémander. Il y a de ces parents qui exploitent leurs propres enfants et c’est le cas de ces petits qu’on rencontre au niveau du couloir de la mort. Et ce qui m’affecte le plus c’est ces mendiants qui ont le même discours et qui osent venir jusque dans les amphis, prendre le micro et solliciter l’aide des étudiants. Jusqu’à quand ces pratiques ? ».
Selon Kane, ce phénomène se remarque surtout vers Castor- Bourguiba et sur la VDN. A ce titre, il explique :
« Ce sont surtout les maliens et les guinéens qu’on y retrouve. Il y a ceux qui résident sous les passerelles et vous n’y retrouverez que des femmes et des enfants. Ils font tous leur besoins sur place et exploitent leurs enfants, ce qui est vraiment regrettable. Ils doivent être déguerpies au plus vite ».
Ce jeune d’une vingtaine d’année, Sidi, blâme surtout les parents car selon lui « un parent a le devoir de prendre soin de ses enfants et non en faire pour ensuite les confier à un marabout. Il y a des dahras clandestins où les enfants vivent dans des conditions précaires. Ils n’ont ni savoir-faire ni savoir-vivre et la plupart de ceux-ci sombreront dans le banditisme ». Ainsi, il incite l’Etat à moderniser au moins les dahras, à les aider financièrement comme matériellement et qu’il y ait des politiques d’accompagnement.
Du point de vue de ce Monsieur nommé affectueusement Tapha, l’enfant a droit à l’Education. Ce fait est illégal et pourtant cela prend des proportions inquiétantes dans la société sénégalaise. Il revient sur l’historique des dahras « chez les musulmans, c’était une tradition en vue d’enlever l’orgueil chez les enfants afin qu’ils soient humbles. Beaucoup de personnalités de ce pays étaient des talibés. Au fil des temps, ce fait a complétement changé de tournure car aujourd’hui on mendie pour trois raisons :
- Par escroquerie : c’est le cas des faux marabouts qui exigent des sommes aux enfants. Il y a aussi le phénomène des faux baye fall ;
- Par handicap : c’est le cas des handicapés qui sont contraints à faire des activités physiques ;
- Par pauvreté : ceux qui n’ont pas de moyens.
Les enfants sont la couche la plus touchée car ils sont exploités et leurs parents fuient certaines responsabilités en les confiants aux marabouts.
Tout compte fait, les parents doivent être conscients que l’enfant a droit à l’Education, à un père et à une mère, bref à une famille. En outre, l’Etat doit mettre en place des stratégies pour mettre fin à ces pratiques car cela n’honore en rien l’image du pays. Il doit ainsi développer des politiques en vue de veiller à l’Education de ces enfants qui sont l’avenir du pays ; un avenir qui se prépare dès à présent. Toutefois, il est à noter aussi qu’il existe des darhas exemplaires qui méritent d’être épaulés.