in

Un étudiant malien à l’université de Dakar, entre hébergement et nourriture

L’Ucad est une grande faculté. La bibliothèque est un bel espace de travail. Les enseignements y sont de qualité, les équipements sportifs conséquents. Je suis fier d’y être étudiant. La culture universitaire est bien ancrée et encore meilleure qu’à Bamako, au Mali, où j’ai commencé mes études. J’aime aussi beaucoup le brassage des nationalités. Mes camarades viennent de toute l’Afrique et ce métissage est très enrichissant. Mais les deux gros problèmes, ce sont l’hébergement et la nourriture.
La répartition des 1 400 chambres se fait par ordre de mérite. Les meilleurs ont droit à une chambre individuelle. Ensuite, chacun se case comme il peut en s’entassant, souvent, comme c’est mon cas, à six dans des chambres prévues pour deux personnes. Il n’y aucune cuisine dans nos pavillons. Juste un petit lavabo dans chaque chambre et des sanitaires à l’extérieur. Les filles vivent dans un pavillon séparé des garçons. C’est normal, car c’est un pays musulman.
Chaque matin, je suis obligé de me lever à 5h30 et de courir pour être avant 6h devant le restaurant universitaire. Il y en a huit sur tout le campus, de qualité inégale, mais tous sont pris d’assaut. Et c’est la même chose à midi : d’interminables files d’attente se forment sur des centaines de mètres. Certes, il existe de nombreux magasins alimentaires et restaurants privés autour du campus, mais ils sont beaucoup trop chers. Financièrement, la plupart des étudiants ne peuvent se permettre de manger que dans ceux subventionnés par l’État. Une fois arrivé au bout de la queue, il y a toujours la même chose à manger, le plat national : le thiéboudienne (du riz avec du poisson). Il n’y a jamais de dessert, rarement d’eau. Même chose pour le dîner. Ici, la nourriture est un véritable problème qui nuit à la concentration. De plus, dès que le versement des bourses universitaires prend du retard, certains membres de l’amicale des étudiants ont pris la mauvaise habitude de prendre la cantine en otage. Celle-ci est régulièrement pillée et son personnel menacé dès qu’il y a un souci sur le campus.
Autre problème : chaque jeudi soir, les confréries se réunissent en chantant, dansant et tapant dans leur main. Les marabouts parlent dans des haut-parleurs jusqu’à une heure avancée de la nuit, c’est assez pénible. Enfin, il n’y a aucun aménagement pour les personnes en fauteuil roulant ou avec des béquilles alors que les bâtiments comportent trois ou quatre étages et que le campus est vraiment vaste.
C’est donc un honneur d’apprendre le journalisme ici, dans la meilleure fac du pays et d’une bonne partie du continent. Mais nos conditions de vie pourraient être meilleures pour que nous puissions être encore plus studieux. »

Written by Assane Ngom

Loi Cadre – Le Saes dans de meilleurs sentiments à négocier avec le gouvernement

Kéba Mbaye, le parcours d’un homme intégre